Dans un monde en évolution scientifique rapide, de plus en plus complexe et spécialisée, faire confiance à « ceux qui savent » devient plus nécessaire que jamais. Or la société européenne est marquée par la défiance généralisée. Les raisons en sont multiples. Il est nécessaire de les comprendre si l’on veut restaurer la confiance dans l’expertise scientifique.
Si l’on veut rester une société d’innovation, de créativité et de progrès, il faut s’efforcer de rétablir la voie de la raison et l’autorité du monde intellectuel dans la décision politique et l’information de l’opinion publique.
Il importe de préciser davantage le rôle des experts. L’expertise scientifique doit jouer un rôle central dans notre société. Son statut et ses formes procédurales doivent être précisés et reconnus par l’opinion.
L’éthique de la science doit être scrupuleusement respectée, notamment l’éthique de communication avec l’opinion publique. Les experts auto-proclamés ne devraient pas avoir voix au chapitre.
Le rôle du politique est différent de celui des experts. Il est de faire des choix, de construire « la cité des hommes » en fonction des valeurs de la société qu’il représente. C’est là sa noblesse. Dans un monde pluraliste, complexe, en évolution rapide, ces choix demandent du courage, de la sagesse et une vision d’avenir. Dans le domaine qui nous occupe, la question éthique et politique centrale est la suivante : quel monde voulons nous construire ensemble avec les immenses ressources dont nous disposons et les promesses quasi-illimitées de la science ?
Dans cette perspective, les académies pourraient devenir « une sorte de conscience éminente qui veillerait sur la cité ».
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